
Le nouveau tome du Petit théâtre des opérations « Guerres Napoléoniennes » sera bientôt dans les bacs ! L’occasion de poser quelques questions aux talentueux dessinateurs, j’ai nommé Camille Prieur et Vincent Malgras.
Anaïs : Comment la bande dessinée est-elle entrée dans vos vies ?
Camille : Je prends ma première claque à 8 ans avec Astérix, puis Lanfeust de Troy, un vrai choc. Puis Thorgal, Les Tuniques Bleues... Les classiques. Rapidement, je me mets à dessiner mes propres BD. En CM1, j’étais lancé !
Vincent : Même âge, même choc. Mon père me remonte une pile d’Astérix de la cave à Noël : 25 tomes et pas mal de nuits blanches. À cette époque, je suivais déjà des petits cours de dessin. Puis j’ai rencontré Camille au collège. Très vite, on est devenus “les dessinateurs” de la classe.

Anaïs : C’est donc dès le collège que votre duo s’est formé ?
Camille : En 4e, on commence à faire nos propres BD ensemble (surtout du Star Wars). Vincent écrit, je dessine. Il faisait même les couleurs… sur Photofiltre, à la souris, sur un seul calque. J’abordais déjà la BD comme un vrai boulot, dès que je rentrais chez moi, je m’y mettais.
Vincent : Mais pendant les années lycées, on s’est un peu perdus de vue. J’ai fait une mise à niveau en art à Paris (MANAA), puis je suis entré aux Arts Déco, pendant que Camille était à Lyon à Émile Cohl. Je cherchais cette émulation qu’on avait au collège… mais je ne l’ai pas retrouvée. Puis, par hasard, on s’est recroisé en soirée, et on s’est remis à faire de la BD. Camille est monté à Paris pour qu’on avance ensemble sur des projets, et petit à petit, il a même rejoint les cours des Arts Déco, sans que ça ne soit vraiment officiel…
Camille : J’ai fini par recevoir les mails des profs, je venais même sans Vincent. En 5e année, on a eu le diplôme ensemble, avec mention ! Et je suis même sur la photo des diplômés hehe…

Anaïs : Incroyable… Et cette magie qui s’opère lorsque vous travaillez ensemble a toujours été la même ? Vous vous organisez de la même façon depuis le début ?
Vincent : Depuis toujours, la répartition est claire : moi au scénario et au storyboard, Camille au dessin. Mais tout s’est affiné avec le temps. Sur un projet comme Sparte Attaque !, je suis aussi l’agent : je gère les mails, les deadlines, les appels. On s’appelle avant d’envoyer quoi que ce soit d’important.
Camille : Et côté couleurs, Vincent fait les aplats, et je pose la lumière, les textures. Puis il gère les exports de fichiers. À chaque étape, on peut corriger ou ajuster le travail de l’autre. On est super complémentaires, on n’a pas d’ego, tout est très simple (on ne s’est même jamais engueulés en 20 ans de carrière à deux !).
Anaïs : Et comment est né le projet de Napoléon avec Julien ?
Vincent : Tout est parti d’un petit gag de trois pages sur Napoléon qu’on avait fait dans notre coin (ndlr : À retrouver dans le FG 563). Julien Hervieux, qui écrivait Petite Tête des Opérations, voulait déjà traiter cette période. Alors Clément nous a mis en relation. Tout a matché : rythme, méthode, personnalité.
Camille : Julien est rapide, efficace, humble. On a très vite trouvé notre équilibre à trois. C’était notre première collaboration extérieure après dix ans à deux. Je connaissais mal Napoléon au départ. Je m’y suis plongé en travaillant. Je me documente surtout via Google Images et Pinterest, puis Julien ajoute parfois des références. Mais les uniformes napoléoniens sont un casse-tête : pas standardisés, très colorés, puis ils changent selon les années. Mais on est super rigoureux ! On a eu très peu de retours pointilleux. Une seule fois, un lecteur a noté l’absence d’un symbole vendéen (je ne vous dis pas où).
Anaïs : Si vous deviez donner un conseil à un jeune auteur de BD ce serait…
Vincent : Ne le fais pas seul. Entoure-toi de gens passionnés. C’est ça qui fait progresser. L’émulation est plus importante que la technique !
